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A QUOI SERVENT LES BANCS PUBLICS ?

Novembre 2008

, par l’incongru


Si certains défroqués croient au destin, plus rares sont les Hommes qui évoquent l’idée de leur destinée tant elle est incertaine. Pourtant, toujours aussi nombreux sont les préjugés de la race humaine quant à la destination des choses. Quelques exemples suffisent à illustrer le propos.

A peine rompu au vol de mobylette, l’arabe est poursuivi par une nouvelle mise au ban de la société : Il occupe les coins. On entend quotidiennement dans les téléphones portables des hommes pressés que les achats de dernière minute se font naturellement chez l’arabe du coin. Et il faut avouer que jusqu’à ce que cela ne devienne suspect, que la France d’en bas se lasse d’être alignée et qu’elle revendique l’usage des coins, la chose est pratique. Un autre personnage haut en couleurs qui n’évoque à tort que très rarement sa destinée, c’est l’africain. Son continent après avoir été le berceau de l’humanité, est devenu le lieu culte de toutes les convoitises et de toutes les haines. Comme s’il voulait renier ses origines l’Homo Sapiens Sapiens (l’homme qui pense qu’il pense, qui sait qu’il sait) a passé le plus clair de son temps à cogner à bras raccourcis sur le nourrisson et son berceau. Ses richesses naturelles ont été pillées, sa terre assoiffée, sa culture niée et sa chair meurtrie depuis que l’homme civilisé s’est donné pour mission de lui apprendre la charité chrétienne. Et aujourd’hui encore il se fait remarquer par sa destinée exceptionnelle en s’appropriant la destination originelle du radeau. En effet, comme il affectionne les croisières en mer et veut nous refaire le coup de la Méduse à l’envers, il se lance le long des côtes africaines à bord d’embarcations de fortune dans le seul but d’envahir l’occident. Nous échappons de peu à la pire symbolique qui l’aurait fait utiliser une arche. Il s’agit encore, sans nul doute, d’un de ces stratagèmes africains pour complexer le Reich européen et le faire s’apitoyer sur un continent à l’agonie. On notera ici l’inconditionnelle supériorité de l’homme blanc qui a su montrer son pragmatisme tout au long de l’histoire et surtout à l’époque où c’était lui qui organisait les croisières en galère ou en caravelle. Ach ! Le bon vieux temps des colonies... où toute décision d’envahir une région du monde était accompagnée méthodiquement d’une stratégie d’extermination, puis de pillage et d’exploitation des ressources et des Hommes qui survivaient. Certes les africains ne jouent plus aux indiens avec des arcs et des flèches. Ils ont appris, à l’instar de leurs envahisseurs, à épurer et à organiser scrupuleusement les génocides et autres barbaries de grande échelle, mais avec ces océans de souffrances qui se sont abattus sur le berceau de l’humanité, il faut se demander aujourd’hui comment ces êtres peuvent-ils faire pour vivre à nos côtés sans nous haïr.

Enfin, si tant est que nous souffrissions de toute l’empathie dévolue à notre chair, il est un mal profond qui guette notre propre existence et conforte l’incongru dans sa vision iconoclaste de cette fameuse civilisation occidentale. Son libéralisme érigé en principe universel et ses pseudo démocraties n’en ont plus pour très longtemps. Dommage ! Cela aurait pu être bien mais le ver est né avec le fruit :

Les places viennent à manquer sur nos bancs publics.

En effet, les bancs publics sont un précieux indicateur de l’état de santé de nos sociétés. La fragile hiérarchie qui y règne fait qu’on y trouve à tour de rôle et à des heures bien définies, les anciens réveillés très tôt par leur prostatite, les vrais marseillais attendant le vrai pastis, les touristes agglutinés comme des mouches au soleil et enrobés de sandwiches et de cartes routières, les philosophes et autres sages regardant le doigt ou la lune pour finalement laisser la place aux amoureux. Pourtant aujourd’hui nous assistons impuissants que nous sommes à la disparition de cet instantané de la société qui est devenu au fil du temps le siège de la paupérisation galopante. Les vieux regardent la météo avec angoisse sur des écrans cathodiques, étonnés que la canicule ne soit pas au rendez-vous, les philosophes sont sur les plateaux de ces mêmes écrans et les amoureux sur les banquettes arrières des voitures. Nous voilà donc réduits à revoir nos préjugés sur la destination originelle des bancs publics.

Pour endiguer l’hécatombe, l’Italie révise ses lois sur l’usage du banc public en interdisant de s’asseoir à plus de trois personnes,de dormir ou de mendier allongé et même de manger. En Italie, sous le règne de Berlusconi, Monsieur, on mange et on dort debout et en rang d’oignons, s’il vous plaît. En France, berceau, s’il en est, des droits de l’Homme, la Loi d’Orientation et de Programmation pour la Performance de la Sécurité Intérieure (LOPPSI) sera votée prochainement et promet les pires exactions policières et judiciaires envers les citoyens, fussent-ils vagabonds ou pas.

Ne dites pas à ma mère que je suis français, elle croit que je vis dans la patrie des droits de l’homme !

Certes la guerre des bancs fait rage et justifie les grands moyens, un peu comme cette histoire vaudevillesque de bataille rangée inter communautaire pour quelques places sur les bancs des Buttes Chaumont dans le 19ème arrondissement de Paris, les uns accusant les autres d’occuper tous les bancs les jours de rassemblement pour le shabbat. Le degré de sauvagerie infligé à la victime, un jeune juif pratiquant connu des services de police pour son communautarisme exacerbé, a suscité l’émotion sans retenue des représentants de l’état avant même qu’on ne connaisse les tenants et les aboutissants de l’affaire, au point qu’une tribune libre fût ouverte au pape des synagogues sur le plateau des journaux de la télévision laïque et républicaine. Encore une de ces flatulences de la volubilité sarkozienne, ce que l’on se plait à appeler communément un pétage de plombs mais qui n’est autre qu’une absence de discernement et de maîtrise de soi. Au bal des offusqués donné en mémoire à cette double victime des intolérants du BETAR et de la FATWA, il ne manqua personne mais de la vérité comme de la victime aujourd’hui plus personne ne s’en préoccupe. Et cette boucherie n’a de cesse d’exister à l’image de cette scène, dont personne ne se souvient plus, mais qui marqua l’ouverture du conflit de 1992 en Bosnie-Herzégovine. On rapportait, ébahi, que l’instituteur serbe d’un village avait exécuté la moitié des élèves de sa classe, le premier jour du conflit, sous prétexte qu’ils étaient bosniaques. Nul mot n’est assez fort pour qualifier la sauvagerie et la barbarie avec laquelle l’homme dit civilisé se répand régulièrement sur une partie de l’humanité comme si les catastrophes naturelles ne suffisaient pas. C’est ainsi, à certaines périodes de son histoire, l’Homme dans un accès de folie hallucinant exhibe sa bestialité envers une partie de ses congénères. Qu’on lui donne le nom que l’on veut, de génocide à épuration ethnique, cet épiphénomène au regard de l’univers, advient et devient rapidement et méthodiquement une organisation et une fin en soi. La vie est née d’une gigantesque explosion et depuis son avènement, l’être humain dans sa mégalomanie la plus grotesque ne rêve que de recréer et maîtriser cette explosion. Alors quand il n’est pas en mesure de faire exploser la planète, il explose la tronche de son voisin. Et même si l’efficacité n’est pas au rendez-vous, l’ego lui est comblé. Face à ces considérations, l’histoire des bancs publics n’a que peu de place dans la pensée universelle. Pourtant, l’incongru observe que la société ne parvenant pas à éradiquer la pauvreté, la fait disparaître.

Les bancs sont devenus tellement inconfortables, inclinés, sans dossier et les sans domicile étant de plus en plus nombreux, les pouvoirs publics n’ont d’autre alternative que d’organiser le ramassage massif des réprouvés, comme on collecte les ordures ménagères. La foultitude ainsi rassurée d’avoir une ville propre se massera encore et encore autour des urnes pour élire et réélire l’incarnation de cette misère.

Le sujet est aussi récurrent que l’est cette pandémie de misère et de souffrance qui inonde la terre, donc on s’arrêtera sur cet instant d’espoir. Aujourd’hui dans un de ces purs moments de poésie que nous offre la vie et qui ne sont que le fruit du hasard, l’incongru a vu, non pas l’un de ces couchers de soleil qui se ressemblent tous ou l’une de ces lignes d’horizon qui nous fascinent et ont fait croire à l’humanité pendant quelques milliers d’années que la terre était plate. Non rien de cela, juste un pur moment de beauté, qui a fait que ce petit garçon tout de noir recouvert, réfugié africain avec sa famille, est monté sur des skis dans une rue pavée de Paris, cette capitale des Droits de l’Homme. L’usine du coin ayant démonté ses rideaux métalliques avant la délocalisation nous a fait ce cadeau de les abandonner sur le trottoir. Cet enfant les a méthodiquement démontés puis en a fait des skis et des bâtons pour skis. Dans les années 60, c’est loin déjà, le menuisier de la rue nous prêtait son échelle pour en faire une luge commune les jours de forte neige. Vous voyez bien que rien n’a vraiment changé, même si les bancs publics nous manquent cruellement…

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