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CRISE FINANCIÈRE, MON CUL ! "Prélude"

Novembre 2008

, par l’incongru


Les valeurs sûres sont, dit-on dans le jargon capitaliste, les valeurs refuges qui permettent de mettre les pactoles à l’abri dans les périodes de secousses du marché financier. Le bonheur des uns faisant, selon ces mêmes règles, le malheur des autres et un malheur n’arrivant jamais seul, voici en quelques rappels historiques ce qui se produit.

Une bulle spéculative amplifiée par le nouveau système d’achat à crédit des USA menace d’explosion depuis plus d’un an

Ceux qui ont un matelas boursier qu’ils estiment suffisamment rembourré et sentent bien que certaines limites sont atteintes mettent brutalement et en réunion ce pactole en vente. Cela a pour effet bien connu de faire chuter les cours des bourses mondiales et de redonner une valeur au dollar, puisque tous les échanges se font en dollars. Cette chute a bien entendu comme effet de faire perdre beaucoup d’argent aux entreprises cotées en bourse, aux banques qui doivent rembourser subitement leurs clients et aux actionnaires qui se réveillent trop tard mais qui vendent tout de même.

Alors toute la classe politique et ses caniches médiatiques observent ces remous l’air menaçant ou scandalisé, sans pouvoir intervenir puisque par définition la première règle du capitalisme étant la libre circulation des biens et des capitaux. Et alors, me direz-vous, je ne vous apprends rien ! Sauf peut-être à regarder ailleurs… car pendant que tout le monde se focalise sur les courbes statistiques du marché flottant, personne ne pense à détourner les yeux un instant sur ce que sont devenus ces milliards d’actions vendues en un seul mois en échange de dollars :

30 000 milliards de dollars ont ainsi disparu du circuit financier officiel pendant le mois d’octobre 2008, c’est l’équivalent de 2 fois le produit intérieur brut des États Unis d’Amérique

Vous imaginez bien que nos artistes de la finance n’accepteraient pas de voir cet argent partir en fumée. Non ces prises de bénéfice sont parties en avions ou en yachts armés jusqu’aux dents (en dollars ou en or qui a été valorisé de + 20% en 2 mois) vers les paradis fiscaux et en TGV pour la Suisse et le Luxembourg. Alors ce ne sont pas les quelques millions de dollars de Bush ou de Sarkozy qui y changeront quelque chose. Et croyez bien que si quelques états nationalisent les entreprises stratégiques ça n’est pas pour sauver l’emploi, mais bien parce qu’ils savent que cet argent ne va pas tarder à revenir sur les marchés pour avaler d’une seule bouchée nos entreprises et notamment les entreprises publiques qui vont être vendues en 2010 lors de l’ouverture totale du marché à la concurrence. Eh oui, pendant que vous regardez la coupe des coupes en grignotant des tucs®, certains préparent déjà vos lendemains qui chantent. Et le moment venu vous pourrez toujours agiter le chiffon rouge, il sera trop tard, le capitalisme vient de vous abandonner, vous qui croyiez tant en lui. Et de la même manière que l’on a accusé un certain temps les flatulences de bovins d’être responsables du trou dans la couche d’ozone, on accuse aujourd’hui ceux qui ont acheté leur maison à crédit d’être responsables de la crise bancaire. Facile, non ? Alors c’est avec un certain effroi que l’incongru pose les trois questions dont les réponses seront responsables du chaos qui va bientôt emporter le monde :

==> Qui a vendu aussi brutalement ces actions boursières ? Il est facile de le savoir puisqu’il y a une traçabilité sur les ventes et les achats ?
==> Où sont allés se réfugier ces 30 000 milliards de dollars ? Il est facile de le savoir puisque tout retrait de capitaux supérieur à 7 000 dollars environ doit être déclaré aux banques centrales.
==> A quoi vont servir tous ces capitaux ? A alimenter des organisations caritatives ? A lutter contre la faim dans le monde ? A s’emparer d’entreprises ou peut-être carrément d’états en déclenchant quelques conflits ?

La Crise d’octobre 1929 : Les conséquences du krach boursier

1. Conséquences aux Etats-Unis Dès la fin du mois d’octobre 1929, la crise qui avait commencé bien avant le krach s’accélère. Aux Etats-Unis, le krach a pour conséquences l’effondrement de la production. Cette chute de la production touche tous les secteurs industriels (exemple de l’industrie de l’acier, qui tombe de 56 à 13 millions de tonnes. Il en est de même pour l’industrie automobile, qui chute à près de seulement 92 000 véhicules produits en décembre 1929, alors qu’en mars 1929 la production atteignait les 622 000 pièces.)

Parallèlement, le krach entraîne également l’effondrement des prix agricoles (ils chutent de 55% entre 1929 et 1933). Ceci pose un problème car les prix des produits agricoles (qui sont moins favorisés que les produits industriels) baissent plus vite que les prix de production. Ainsi, les entreprises agricoles et les fermiers ne peuvent pas rembourser leurs emprunts aux banques. Les banques sont touchées de plein fouet.

Cette crise se transforme en dépression durable par les effets massifs de perte de confiance de la part des épargnants, qui se précipitent auprès des banques pour retirer leurs dépôts d’argent des banques. Dès lors, la crise n’est plus seulement boursière, mais elle devient aussi bancaire. De nombreux établissements font faillite, ce qui provoque un resserrement massif du crédit, qui à son tour entraîne une chute de la consommation, de l’investissement et de la production. Nombre d’entreprises qui vivaient à crédit doivent fermer, elles sont de plus en plus touchées par la faillite des banques et par le fait que les consommateurs réduisent leurs achats. De ce fait, de nombreuses entreprises doivent encore baisser leurs prix : allusion au blé, mais c’est ainsi dans toutes les entreprises. On estime que 85 000 entreprises américaines ont fait faillite durant ces années.

Ainsi, la crise économique touche rapidement tous les secteurs de l’économie américaine, et à cela s’ajoute un autre type de crise : en effet, les chutes de production et les faillites industrielles entraînent une hausse fulgurante du chômage : de 4 millions de chômeurs en octobre 1929, on dépasse les 13 millions de chômeurs en 1933 (soit 27 % de la population active ! ). En l’absence de cotisations sociales, une grande partie d’entre eux doivent s’en remettre à la charité publique. Le krach boursier entraîne donc, parallèlement à la crise économique, une crise sociale violente. Rapidement, cette crise s’étend au monde tout entier. Comment la crise a-t-elle pu contaminer tout le globe ?

2. La crise devient mondiale La crise s’est étendue au monde par l’intermédiaire des échanges commerciaux internationaux et à cause du poids de l’économie américaine dans le monde. En effet, il faut savoir qu’en 1929, la production industrielle des Etats-Unis représente près de 45 % de la production mondiale, contre seulement 28 % pour les trois principales puissances européennes (en l’occurrence la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne). Les Etats-Unis sont de plus les premiers exportateurs mondiaux, et les seconds importateurs après la Grande-Bretagne. Qui plus est, ils représentent 12 % du commerce international et importent jusqu’à 40 % de matières premières du monde. On ne peut donc que constater le rôle dominant des Etats-Unis sur les pays producteurs et les pays acheteurs.

Le krach boursier et la crise qui se développe aux Etats-Unis entraînent la réduction massive des exportations : les exportations américaines qui passent de 5,2 milliards de $ en 1929 à 1,6 milliard de $ en 1932. La baisse encore plus flagrante pour les produits à destination de l’Europe. Les échanges mondiaux baissent d’ ¼ en termes réels entre 1929 et 1934, mais en terme de valeur, comme les prix baissent de 50 %, ils baissent de 2/3.

La baisse de la demande globale américaine joue aussi un rôle important sur le marché international, créant une situation de blocage pour de nombreux pays. Les pays dépendant commercialement des Etats-Unis (que ce soient des pays producteurs ou des pays acheteurs) se retrouvent quasiment ruinés. Tout le globe est influencé. De plus, il faut ajouter que le rapatriement massif des capitaux américains investis à l’étranger est une cause de plus dans le repli des échanges internationaux. L’Autriche fut la première touchée par la raréfaction des capitaux, avec la faillite de la banque Kreditanstalt. En Allemagne, aussi, la faillite de la Danat Bank, en juillet 1931, provoqua l’effondrement du système bancaire et influença d’autres puissances. Très endetté et ne pouvant rapatrier ses capitaux investis en Allemagne, le Royaume-Uni dut abandonner la référence de l’étalon-or pour sa monnaie qui fut dévaluée de 40 % en septembre 1931. La chute de la livre sterling provoqua par contrecoup celle d’une trentaine de monnaies qui lui étaient liées (Scandinavie, Portugal, Égypte, etc.). Les flux financiers internationaux étaient totalement désorganisés et le commerce mondial sombra dans le marasme. Entre 1931 et 1934, pratiquement tous les gouvernements jugèrent nécessaire d’abandonner l’étalon-or. Cette politique fut en partie motivée par l’hypothèse selon laquelle les produits nationaux sur le marché intérieur et les exportations d’un pays pouvaient être stimulées en dévaluant la monnaie par rapport à son taux de change. Le système monétaire international, basé sur l’étalon-or, commença donc à s’effondrer. Le monde se fractionna alors en plusieurs zones monétaires : bloc dollar (Etats-Unis et pays d’Amérique), zone sterling (Grande-Bretagne + Empire colonial anglais), bloc de l’Or…. Une telle fragmentation, renforcée par la montée de mesures protectionnistes, aboutit à une dislocation des relations économiques internationales.

Enfin, sur le plan social, de nombreux pays sont heurtés de plein fouet par la crise : on assiste, comme aux Etats-Unis, à une multiplication des faillites (notamment en France la Banque nationale de crédit, ou encore Citroën, à partir de 1931), qui engendre la multiplication des chômeurs (fin 1932, on atteint 6 millions de chômeurs en Allemagne et 3 millions de chômeurs en Grande-Bretagne).

Conclusion : La crise de 1929 s’est avérée extrêmement originale et inhabituelle car, contrairement à ces fameuses crises « cycliques », la crise de 1929 a touché tous les secteurs de production, et plus particulièrement les secteurs primordiaux (agriculture, automobile, électricité, bâtiment…) qui ne sont en aucun cas des industries malsaines. De plus, la crise n’a pas seulement touché les Etats-Unis. Du fait de l’omniprésence des Etats-Unis sur le marché mondial, la crise s’est étendue au monde entier, paralysant tous les pays telle une épidémie. Que ce soit aux Etats-Unis, en Amérique du Sud ou en Europe, la crise de 1929 a influencé tous les secteurs, tous les milieux par ricochet : de crise boursière, elle s’est transformée en crise bancaire, puis crise agricole et crise industrielle, mais aussi en crise sociale extrême. La crise des années trente constitue donc bel et bien une crise inhabituelle et originale par l’ampleur de ses conséquences qui était inattendue.

La crise marque aussi une rupture soudaine, car elle intervient après une période de progrès de grande ampleur et de prospérité. C’est aussi une crise de rupture par le fait qu’elle a remis en cause tous les idéaux monétaires et économiques des décennies précédentes. En effet, c’est la plus grave crise que les grands pays capitalistes (en particulier donc les Etats-Unis et le Royaume-Uni) aient connue, et c’est la première fois depuis la révolution industrielle que le système capitaliste est profondément remis en cause. Système économique et social dominant à la fin du XIXème siècle, le capitalisme s’appuyait sur sa prodigieuse capacité à créer de nouvelles richesses et à améliorer les conditions de vie, ainsi que sur le contrôle des moyens de production et d’échange par les entreprises. Ce système fut un des facteurs conjoncturels et structurels de l’extension de la crise, et il fut incapable de retrouver l’équilibre suite au krach de 1929, à tel point que le système monétaire international basé sur l’étalon-or s’effondra. Le système capitaliste fut d’autant plus remis en cause que le système communiste, né en 1917, s’était parfaitement développé en échappant à la crise mondiale.

Cependant, contrairement aux idées de Marx qui avait prédit la destruction du système capitaliste, les économies capitalistes ne s’effondrèrent pas. Au contraire, face au défi de la crise, les pays capitalistes ont démontré de remarquables facultés de survie et d’adaptation. Les gouvernements démocratiques commencèrent à intervenir directement dans l’économie afin de corriger les dysfonctionnements du capitalisme. Aux États-Unis, par exemple, le New Deal du président Roosevelt permit de restructurer le système financier afin d’éviter le renouvellement des excès spéculatifs qui avaient conduit au krach de Wall Street en 1929. Les bases de l’État-providence furent posées avec l’introduction de la Sécurité sociale et de l’assurance-chômage, mesures destinées à protéger les citoyens des risques économiques existant dans un système capitaliste. On entra ainsi dans un capitalisme moderne, qui n’était plus conçu comme une force autonome mais comme un ensemble de conditions de marché structurées par la force publique et encadrées par des institutions et des organisations syndicales »

Un autre volet de l’histoire vient de s’ouvrir avec l’élection du camarade OBAMA

En effet, l’histoire nous enseigne que dans ces périodes de tourmentes, les nigauds se réfugient dans d’autres valeurs sûres pleines de promesses elles aussi. Ainsi, après la crise de 1929, en 1933 les allemands et les autrichiens choisissent l’aventure fasciste, en 1934, les français avec Daladier et Thorez se lancent dans la lutte contre les fameuses deux cents familles françaises censées être responsables de la faillite économique.

A suivre...

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