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MAI 2008

Juin 2008

, par l’incongru


Le mois de mai était un joli mois à thèmes

Le cœur embué par une infinie tristesse à l’égal d’une prostration inexpliquée, l’Incongru n’a d’autre alternative que de se laisser engloutir par cette décadence inéluctable qui nous surprend au détour des saisons. Nous devenons vieux, moches et parfois acariâtres sans nous en rendre compte. En définitive et sans vouloir offusquer personne, ou alors juste un peu, on finit par ressembler à Dieu.

En avril on découvrait les autistes, ces enfants qui ne veulent pas parler aux adultes parce qu’ils les trouvent trop cons. D’ailleurs, on ne saura jamais ce qu’ils deviennent à l’âge adulte. On ne les montre plus, c’est moins attendrissant pour le bas de laine des assoc’.

On va comprendre au mois de mai pourquoi il y a tant d’autistes

En effet pour trouver l’objet du débat qui allait déchainer les passions, ce n’était pas facile avec ce Cohn Bendit qui vient hanter l’actualité chaque année à la même époque. Pourtant c’est le même tous les ans, mais la mémoire collective est volatile et l’on peut servir le réchauffé sans complexe.

Les journaux, les radios, les télés se sont donc rués éperdument sur l’adolescent comme un vol de gerfauts hors du charnier natal.

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Des jeunes y rentrent, des fauves en sortent.

Le jeune dont on parle est avant tout un garçon. Il est violent, drogué, suicidaire et concupiscent. Son niveau scolaire est en baisse constante. Il n’est surtout plus comme avant et ne correspond certainement pas à l’idée que l’on se fait aujourd’hui des jeunes du bon vieux temps.

Et qui est-ce qui est en mesure, autre que le vieux, de stigmatiser ainsi le jeune avec une telle faconde ?

Celui qui aurait vécu une de ces adolescences sans violence, sans drogue, sans suicide et sans désir. Le vieux n’a pas d’âge. Il est d’abord et avant tout celui qui parle pour le jeune et qui ne conçoit cet autre que dans l’imaginaire ou le fantasme. Dès lors, on fait défiler sur les plateaux les cachalots de l’académie française pour discourir sur les vertus de la lecture, les grizzlis du sénat pour rassurer l’adolescent sur son avenir de chômeur, quelque calotin défroqué pour parler de la masturbation et quelque psychothérapeute dont le cabinet est un désert mais dont les yeux globuleux et les contorsions déclencheraient un mouvement de panique dans les maternelles.

Et cet aréopage très tendance de s’étonner du taux croissant de suicides chez les jeunes !

En vérité, c’est avec une dialectique subtile que ces sophistes des médias nous présentent les adolescents comme des hordes sans morale, ni règles. De fait, ils ne supportent pas leurs différences ou seulement si elles sont référencées dans leur système de pensée.

- Oui, l’adolescent vit en bandes dans les cages d’escalier ou en bas des immeubles pendant que les vieux vacillent entre canule et canicule, perclus dans le moelleux des fauteuils EVERSTYL.

- Oui, le jeune se déplace bruyamment et en groupe, il cherche à faire fuir ses ennemis pendant que le vieux vit seul et regarde, impuissant, ses amis prendre la clef des champs.

- Oui, le jeune est tourmenté par l’évolution de ses désirs, alors pour se donner l’assurance d’un adulte, il recherche la désinhibition à coups de stimulants psychotropes et prend des postures étranges. Pendant ce temps, le vieux guette toujours le moindre de ses désirs quand, au hasard d’une porte entrouverte, il croit entrevoir le petit morceau de peau que l’infirmière laissera négligemment dépasser.

Alors quoi ! La fonction de la capuche n’est pas la même chez le jeune que chez le vieux.

Alors quoi ! Quelques cendriers et pots de fleurs jetés des balcons d’une gare du nord inhospitalière feraient donc une émeute ?

L’incongru accuse l’agitation collective et l’amalgame entretenus autour des jeunes, de la délinquance, des attentats et autres inepties à faire fantasmer dans les chaumières, d’avoir eu comme effet sidérant de transformer les gares, les aéroports et autres cités et lieux publics en corridors de l’ennui où déambulent tour à tour des meutes de militaires arme au poing, de gendarmes, de vigiles et autres flics appelés désormais agents d’ambiance. Tous sont en quête d’émeutes. Ils ont la particularité de se déplacer en bandes et de s’agglutiner autour du moindre petit pet de nonne. Un pétard mouillé qui explose, quelqu’un qui déclame contre la république qui fait qu’aujourd’hui il mangera encore dans la gamelle du chien, et voilà soudain qu’accourt une litée hystérique de costumes bleus suivie de treillis, bottes à clous et chiens à la gueule spumescente de rage.

Toute protestation fera dire aux agitateurs : “…Oui mais l’insécurité, la violence, le trafic de drogue et les viols, qu’est ce que vous en faites ? Nous devons adopter une stratégie globale de réappropriation de l’espace public et des zones de non droits…” Et là est bien le problème ! Le combat contre l’insécurité est comme le tonneau des Danaïdes.

Pendant que les uns répandent la haine et l’exclusion en véhiculant l’idée que le pays est en proie à une délinquance effrénée, d’autres en profitent pour justifier le quadrillage des lieux publics et privés dont ils rêvaient depuis longtemps déjà. Et il n’y a pas d’issue.

Car si l’on estime que pour les uns, les jeunes en particulier, il existe une possibilité d’évolution favorable en modifiant l’environnement social, il y a pour les autres une constante irréductible et universelle qui traverse les âges sans variantes, sauf à l’y tordre par la force : La police, entendons tous les gardiens de l’ordre, est brutale, incontrôlable et commet des abus parce qu’elle n’est pas une police citoyenne. Elle est une police d’état qui obéit à la raison d’état. Comme si dans chaque policier, il y avait une volonté de modeler l’autre suivant une vision idyllique de l’être humain qu’il est souvent très loin d’incarner lui-même. Récemment, des jeunes filles un peu fugueuses témoignaient devant une caméra. La seule image qu’elles avaient retenue de Paris, lieu de leur fugue, était la présence policière massive. Pas de sentiment d’insécurité, pas de peur, non juste l’angoisse de croiser un flic. Terrifiant !

A vrai dire, le France est devenu un pays de vieux cons renfrognés, croupissant terrorisés devant leur poste de télé et ne rêvant que de sécurité, de flics et de grilles. Hantés par des invasions barbares et autres musulmans que les PPDA leur annoncent à longueur de journaux télévisés, ils n’ont que deux amours : Les tour-operators et les routes bien goudronnées menant directement au centre commercial et au Buffalo Grill. Si vous les croisez, vous ne pouvez pas les rater, ils ont un petit sapin qui empeste la vanille synthétique accroché au rétroviseur de leur ouature.

Alors, ne vous laissez pas séduire par les sirènes de Bacchus, admettez que la société soit protéiforme et riche en surprises. Soyez étonné et considérez que l’abrutissement des masses a toujours eu comme vertu de plonger le maître de céans dans une forme de surprenant ravissement.

Ce n’est pas sur l’habit Que la diversité me plaît ; c’est dans l’esprit : L’une fournit toujours des choses agréables ; L’autre, en moins d’un moment, lasse les regardants

Jean de La Fontaine Extrait de la fable Le singe et le léopard

“L’adversaire d’une vraie liberté est un désir excessif de sécurité”

Jean de La Fontaine Extrait de la fable Le loup et le chien


Nous écrire pour nous insulter

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