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COUTUMES ET TRADITIONS À LA MORTE-SAISON

Janvier 2015

, par l’incongru


L’incipit n’est pas très accrocheur car ces derniers temps le Très-Haut accorde davantage sa faveur aux rigidités absolues et autres frigidités versatiles qu’aux traits d’humour audacieux. La rédaction de l’incongru a donc dû redoubler d’opiniâtreté pour aborder le thème, avec le risque de voir son site une nouvelle fois piraté. Pourtant aussitôt lancé, le sujet qui nous intéresse tombe comme par miracle en autosuffisance polémique. Il faut le marteler sans répit, les coutumes et les traditions forgent une humanité remplie d’écume noire et de perfidie au prix de souffrances aussi épouvantables qu’indicibles. En mortifiant toute forme de vie au moyen de pratiques communautaires antédiluviennes, elles sont la négation de la pensée individuelle, la cheville ouvrière de la scotomisation et rendent surtout l’avenir sublime de l’être humain plus qu’improbable. Faut-il encore en faire la démonstration ? Subsiste t-il parmi nous quelque aveugle à qui l’on ne puisse rendre le discernement ?

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Rigidité ou frigidité
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Frigidité et rigidité


Vous l’aurez compris, l’évocation d’un tel sujet provoque chez l’incongru une sorte de priapisme de l’amour-propre car il inclut évidemment les religions ainsi que toute autre forme de croyances primitives et puériles qui, malgré leur caractère prétendument universel, jouent sous le même préau que coutumes ou traditions. Au registre de la foi officielle, on pourrait ainsi résumer en quelques anecdotes les actes fondateurs de ce qui semble être l’avenir d’une humanité soluble dans le sectarisme et la déraison :

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Une calotte qui, malgré le réchauffement climatique, ne promet pas de fondre de sitôt et annonce à mots couverts la glaciation des esprits dans la lamentation des prépuces.

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La lamentation des prépuces.

Un voile sous lequel l’ignorance est féconde et qui ne présage pas de se lever sur un avenir radieux mais plutôt de couvrir encore longtemps le visage de l’humanité de sang et de larmes, en avançant drapé de sa folie guerrière et castratrice.

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Le voile de l’ignorance.

Une croix couverte de sang qu’il faudrait porter à grand renfort de ferveur et perpétuellement comme un supplice, au sommet d’un Golgotha éternellement crucificateur.

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la croix perpétuelle

Une concrétion de tissus adipeux, où la révélation se présente comme une vérité et le sectarisme comme une philosophie, allant jusqu’à affirmer que la terre est plate parce que rien ne prouve le contraire.

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concrétion morbide

Cet univers idéologique qui nous est proposé ne supporte pas la contestation, ni même un début de questionnement. De manière unilatérale et chacun à sa façon, les protagonistes réduisent la femme au stade la soumission et de la servitude et relèguent tout naturellement la laïcité au rang d’une cinquième religion ou comme un mode de vie dégénérescent mais qui d’une manière ou d’une autre doit disparaître. Dans ce domaine en particulier leur imagination est féconde et sans grand besoin de démonstration supplémentaire on observe que le danger, de ce que pour faire court nous appellerons des psychopathies ou des sociopathies, réside dans leur propension à vouloir envoyer par le fond les structures sociales douées de raison. Chez les œcuménistes, on leur donne le nom savant de prosélytisme à destin de conversion. On pourrait aussi se contenter d’assimiler les coutumes ou les traditions à un gentil folklore anachronique, s’il n’y avait pas derrière ce voile troublant les esprits, la quête permanente de la soumission des êtres par l’abdication de la libre-pensée et le renoncement au libre arbitre. J’en veux pour preuve l’endogamie qui peut régner au sein de certains de ces clans, dont les membres finissent par justifier leur rejet de l’altérité du seul fait d’une appartenance à un groupe qu’ils n’ont bien souvent pas choisi. Nous retrouvons communément nombre de ces bizarreries d’un bout à l’autre de la planète, de l’Inde à l’Afrique en passant par le pays basque évidemment. Pour survivre, la communautarisation a besoin des coutumes et des traditions mais se nourrit exclusivement de la stigmatisation du différent, qu’il faut évidemment trouver ou s’il fait défaut l’inventer ou le créer. Sous le revers de la convivialité et de l’animation de groupe règne la détestation de l’autre, du différent et finalement de toute individualité potentielle. Renier son identité pour mieux vivre celle qui nous est commune est en somme assez réducteur pour comprendre, qu’en acceptant cet embrigadement il faut faire abstraction des libertés individuelles, afin de devenir l’homme lige du maître de céans dont la glossolalie forcera à la névrose obsessionnelle collective.

Il en est de même pour une religion qui n’est guère plus inoffensive qu’une BD, sauf quand elle est érigée en modèle social. Le problème est que c’est sa vocation première que d’infester le corps social et de phagocyter les relations humaines. Au demeurant, on pourrait trouver ces gesticulations assez drôles, voire même être tordu de rire lorsqu’elles sont en spectacle de rue, mais ce serait sans compter toute la misère, la souffrance et les intolérances qui président à l’avènement de l’une ou l’autre de ces idolâtries et qui siègent dans l’atrium de toutes ces chapelles, officielles ou non, affublées de littératures apocryphes et confinées à la négation de l’individu.

En réalité, les coutumes et les traditions ne sont que des sectes ou des religions en miniature ou à l’échelle d’une communauté, mais nous ne nous en débarrasserons jamais car elles alimentent perpétuellement en figures de proue la légitimité de tous les pouvoirs malsains.

Cette sphère de la doxa n’est vraiment pas très attrayante. Fort heureusement, pour nous donner la joie de vivre sans sombrer dans la béatitude et l’ascétisme, les facéties exhibitionnistes des coutumes et des traditions restent perpétuellement présentes dans notre quotidien. Apparemment elles ne coûtent pas très chères à entretenir et maintiennent les populations dans une relative soumission en évitant les questions de fond et en contestant localement au questionnement des êtres leur droit à l’évolution. Les coutumes et les traditions, bien que parfois très critiquées par les églises officielles qui n’en sont pas moins friandes, se voient reprocher leur manque de rigorisme, de celui qui libère l’esprit au bénéfice de la croyance, leurs comportements mystiques épars et la débauche à laquelle se livrent parfois leurs adeptes. Mais sur le fond, les bigots en quête de renouveau et d’odeur de sainteté les tolèrent malgré eux, car elles maintiennent les individus dans un monde de chimères prêtes à être détournées le moment venu au profit de leur paroisse. Aussi une des vertus malfaisantes de toute religion accédant au pouvoir se manifeste par la tentation d’éradiquer brutalement les coutumes ou traditions au profit d’une seule et même loi. Leur haine du paganisme ancien ou moderne avec les ravages perpétrés en son nom en est le témoignage. Dans ce monde binaire qui nous est proposé, il y a l’Esprit saint et l’esprit sain, l’un se prie et l’autre n’a pas de prix. L’un se repaît de l’ignorance et l’autre s’abreuve aux sources de la raison. Ami(e), choisis ton camp !


Vous le voyez, c’est indubitable, l’incongru est à classer dans la catégorie des iconoclastes. Mais ce n’est pas lui qui a vulgarisé l’exégèse des prophéties.


Car tout a commencé le jour où la religion monothéiste a compris qu’en contrôlant le savoir et la mort, elle maîtriserait la vie des hommes. L’ignorance et la peur engendrent hypocrisie et lâcheté et la culture de cette angoisse que l’homme ne contrôle pas sa mort donna quitus aux offreurs d’éternité. Pour combattre ces idéologies, l’ire ne suffit pas, il nous faut lire et relire leur conception du monde et la manière dont leurs théologiens comptent s’approprier nos consciences en se faufilant à corps perdu dans les rouages de la société. Et qu’on arrête, nom d’un petit bonhomme, de nous envoûter avec ces enfants soldats, car peu nombreux sont ceux qui s’indignent encore de la légitimité accordée à ces ensoutanés déguisés en femmes et recroquevillés dans des tabernacles, lorsqu’ils s’arrogent le droit de prendre en charge l’éducation des enfants ou de s’immiscer dans les débats d’idées. Les adultes qui se laissent prendre dans les mailles de leurs filets dérivants, même si cet endoctrinement nous attriste et constitue un affront à la conscience humaine, ne sont que la partie visible de l’iceberg au regard de l’activité de ces prédateurs en direction de jeunes esprits dans le seul but de les pervertir. A ce titre, si les euphémismes jaillissent des salons parisiens lorsqu’il s’agit d’évoquer le poids des religions, l’incongru n’hésite pas à employer le nom de fardeau pour qualifier leur activisme pernicieux.

« Les traditions ? C’est comme ça qu’on appelle les manies dès qu’il s’agit de fêtes militaires ou religieuses. » M.A.

Donc, pour satisfaire aux traditions, des groupes d’humains ont coutume de se rassembler à plusieurs époques de l’année, un peu comme les moutons pour la transhumance. Suivant un protocole inébranlable, ils se déguisent, paradent, entonnent des chants en forme de tralala itou, lancent ou brûlent des choses et se livrent à quelques cruautés au cours de sacrifices rituels nécessaires à la consolidation des communautés. Cette convivialité de masse s’accompagne souvent d’orgies peu ragoûtantes.


Nous ne nous attarderons guère sur ceux auxquels l’incongru voue un culte hystérique : LES CHASSEURS. Dépassant largement le million, la France est de loin le pays d’Europe contenant le plus de spécimens de bipèdes éprouvant un plaisir à tuer sans nécessité vitale. La chasse est juridiquement une coutume qui se transmet au sein de groupes sociaux particuliers et ne fait que peu d’adeptes en dehors de ces communautés. Le chasseur dispose d’un accoutrement destiné à se fondre dans le paysage et sa cruauté séculaire fait qu’aujourd’hui tout être vivant s’enfuit à l’approche de l’homme. En dehors de sa propre espèce le chasseur n’a pas de prédateur. Au cours de la saison 2013/2014, sur quelques 200 accidents de chasse recensés, 43 êtres humains dont quelques promeneurs et plusieurs dizaines de chats et de chiens furent assassinés d’un coup de fusil. Hormis quelques tièdes écologistes armés de leur angélisme anti chasse, qui prônent une pratique responsable et l’interdiction de la chasse à courre, l’ensemble de la classe politique s’aligne en chœur derrière ce potentiel électoral.

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blasphème ou angélisme ?

Le combat n’offrant que peu de débouchés, voyons donc si du côté de la cruauté envers sa propre espèce, l’être humain reste bien dans la tradition.


Dans les sociétés dites patriarcales c’est-à-dire sur la quasi-totalité de la planète, les traditions sont érigées par les hommes au rang de coutumes, de sorte qu’elles deviennent universelles et incontestables. Cela permet aux hommes d’imposer des règles répondant à leurs instincts de domination. Les républiques islamiques ne dérogent à aucune de ces règles.

L’Afghânistân en est l’un des plus tristes exemples. Dans ce pays meurtri par des années de guerres et de multiples invasions, la tradition veut que la vie des femmes soit réglée au rythme des orthodoxies malsaines. Quelques anecdotes suffisent à illustrer la caractérisation des pratiques où les vies sont volées, violées pour finalement être voilées de honte. Dans cet univers de contraintes, le dilemme offre à la femme le choix de porter le voile ou de mettre les voiles, si tant est qu’elle le puisse. La recette patriarcale pour bien jouir du pouvoir sans attendre le paradis aux mille vierges est bien rodée : Tout ce qui contrevient aux coutumes est menacé de la peine de mort. La fillette vierge est contrainte au mariage forcé dès l’âge de 9 ans, la femme grillagée à vie est interdite de sexualité après 40 ans et peut donc être violée légalement par d’autres hommes et en guise de symbole de leur statut social, les chefs de clans et autres fortunés se repaissent de chair fraiche dans les traditionnelles pratiques du BachaBazi. Une famille sans enfant mâle est sujette au mépris et la situation est telle que certaines mères travestissent leur fille en garçon pour masquer leur honte ou leur assurer une éducation. Afin d’assurer la pérennité du système, on maintient une grande partie de la population dans l’ignorance. Ainsi, 80% des femmes sont analphabètes. Que du bonheur pour des soirées enflammées ! Fumez c’est de l’afghan… car la capacité d’évolution d’une telle société est aussi inversement proportionnelle à sa consommation massive de cocaïne et de traditions.

KABOUL (Associated Press 2010) ]

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En conclusion, nous pourrions dire sus à l’Afghânistân et tout semblerait se dénouer. Mais la maltraitance des femmes et des jeunes filles est une constante à tel point universelle, qu’elle s’élève au rang de coutume. Il suffit pour s’en convaincre de lire les récits atroces que nous concocte chaque année Amnesty International. Lire ICI

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Un espoir pour la Thaïlande.

La France qui, à en croire les textes de loi, n’est plus une société patriarcale, renoue régulièrement avec ses traditions guerrières et ce malgré toutes les bonnes intentions affichées. Il en va ainsi de notre désir colonial, même s’il fait naître en nous quelque honte.


Le Rwanda, bien qu’enfermé dans sa camisole ethnocentrique d’abord par les allemands ensuite par les belges, n’échappa guère à l’influence française. En effet, l’interventionnisme militaire (opération Noroît) et surtout la livraison massive d’armes de guerre pendant plus de dix ans permirent à ce petit pays d’organiser un génocide inimaginable. Les conclusions de la mission d’étude parlementaire sur l’étripage de masse donnent froid dans le dos. D’avril à juillet 1994, cette épuration ethnique sur fond religieux, dont le bilan fait état de plus d’un million de civils massacrés en 100 jours, fut permise grâce à la complicité de l’état français et sous la présidence de Mitterrand. Les massacres se poursuivirent de juin à août 1994 dans les camps de réfugiés où Hutus et Tutsis étaient entassés sans précaution. La nature ayant raison de tout, le choléra finit par décimer une grande partie des réfugiés sans distinction d’ethnies cette fois. Les ventes d’armes débutèrent en 1985 et s’achevèrent en 1994. Elles furent financées par le Rwanda qui recevait dans le même temps les aides de la Banque Mondiale. Les premiers ministres qui collaborèrent activement ou passivement à l’approvisionnement en armes étaient dans l’ordre chronologique : Michel Rocard, Edith Cresson, Pierre Bérégovoy et notre désormais célèbre Edouard Balladur. La mission parlementaire est présidée par Paul Quilès qui était par ailleurs ministre des différents gouvernements de l’époque, ce qui rend le rapport sur l’épuration ethnique étonnement épuré... Dans les camps de réfugiés où les rescapés du génocide furent regroupés, pour ceux dont le choléra ne serait pas venu à bout, l’état français enverra en juin 1994 un contingent de 2500 hommes chargés de protéger les civils (opération Turquoise). La mission s’achèvera par le constat accablant qu’un bon nombre de ces soldats se sont livrés à des viols collectifs permanents sur des jeunes filles et des gamines qu’ils prélevaient chaque jour dans les camps comme de la viande.

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Cliquez sur l’image pour voir la guerre humanitaire

Voilà, c’était pour dire quoi ? Enfin, vous voyez bien, les traditions, il faut les préserver au sein d’un patrimoine culturel inébranlable. Non ? Alors sujet suivant…


Géographiquement plus proches de chez nous et parmi les pratiques grégaires appelées plus communément traditions ou coutumes, il subsiste un phénomène qui continue à attirer les adeptes de la souffrance et de l’humiliation. Il s’agit du bizutage. Cette pratique datant du moyen-âge perdure malgré les lois et les sanctions qui s’abattent sur les protagonistes. Ainsi, bien à l’abri des regards et sous couvert d’une omerta encouragée par la hiérarchie, les milieux corporatistes se délectent régulièrement de ce genre de réjouissances. Parfois, ce qui voudrait se faire passer pour une simple mise à l’épreuve dérape vers le crime comme ce fût le cas chez nos soldats du feu en 2012, quand treize d’entre eux participèrent au viol d’une jeune recrue sous prétexte d’une tradition censée tisser des liens, voire les "détendre". Heureusement, ce qui nous différencie du moyen-âge c’est la prise de vues qui fait aujourd’hui partie du rituel.

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Le torchon brûle chez les pompiers. Cliquez sur l’image pour connaître les dessous de l’affaire.

Ah les beaux jours de WhatsApp et de YouTube ! Allez, sujet suivant…


C’est une tradition dont la France hélas ne détient pas le monopole mais qui perdure malgré une concurrence acharnée. A la veille des élections, imaginant sans doute que Lou ravi lui sera reconnaissant, le maire goudronne avec férocité. Comme l’opération doit avoir lieu au plus près du scrutin, les travaux se font à la va-vite en laissant parfois la piste cyclable en contrebas d’une route étincelante, ce qui est très pratique les jours de pluie. La particularité française est que le spécialiste de l’enrobage, si prospère en période électorale, n’est autre qu’un des magnats français du BTP : le groupe Eiffage. Et sa seconde spécialité est l’organisation de voyages d’affaires avec Escort girls au profit des nécessiteux du sexe. Mais cette tradition semble en péril depuis la découverte d’une passion sociétale sans mesure pour les caméras de surveillance. On découvre ainsi au milieu des amphigouris qui tiennent lieu de promesses de campagne, tels que la construction d’un urinoir sur la place de l’église ou l’interdiction de bâtir une mosquée, l’implantation de milliers de caméras de surveillance. Le problème c’est que personne n’est là pour les exploiter, que leurs adeptes sont de toute façon des électeurs de la droite extrême et que celui qui en avait installé le plus dans le but de se faire réélire a depuis dévissé à Amiens.


Afin de galvaniser l’instinct sécuritaire, l’incongru propose de relier les réseaux de caméras de surveillance à internet. Cela permettra au moins aux parents indignes de surveiller leurs rejetons en mal de djihadisme. Non ? Alors sujet suivant.


Ce nonobstant, certains Grands Hommes continuent de forcer l’admiration par leur capacité à synthétiser ce que l’on subodore être notre pensée en construction. Par leur éclairage, les bribes de nos intuitions prennent soudainement une forme intelligible et se métamorphosent en un enchantement.

Foucault disait avant de sombrer après avoir annoncé la Mort de l’Homme :

"Ce que je dis n’est pas ce que je pense, mais je le dis pour ne plus avoir à y penser. Pour être sûr que hors de moi, les idées vont vivre une vie ou connaître une mort où je n’aurai pas à me reconnaître"

Et c’est dans cette configuration que le chien savant que l’on croit être redécouvre l’humilité originelle, jusqu’à en devenir parfois insignifiant. Il ne s’agit pas là d’accorder à qui que ce soit l’apanage de la pensée globale ou la détention de la vérité mais de singulariser certains esprits face à l’éparpillement, la confusion et la médiocrité. Et dans ce domaine la prudence est de mise, car au chapitre des icônes propulsées sur le devant de la scène et présentées comme les parangons de la morale et de la vertu, nous avons coutume de rencontrer des êtres étonnement blâmables et dont la misérable petite vie s’avère à ce titre peu louable. S’exhibant de manière affligeante comme les chantres d’une pensée politique censée incarner la synthèse sociale de la philanthropie, on les retrouve peu à peu compromis dans un imbroglio de petites ou de grandes affaires toutes aussi détestables les unes que les autres. On découvre ainsi çà et là, bien à l’abri derrière les propos et les comportements de circonstance, des mimétismes indécrottables qui gangrènent les fondements de la vie en société. Et c’est ainsi que subjugué par ces charismes hors norme on apprend, en dévorant des saucisses cocktail entre les chiffres et les lettres et la météo, comment il convient d’abattre le mouton.

L’on n’est donc pas surpris de voir un jour de février 2007, Sarkozy déclarer que

« ...Quand on habite en France, on n’est pas polygame, on ne pratique pas l’excision sur ses filles, on n’égorge pas le mouton dans son appartement... »

ou un autre jour de 2013 Valls pérorer sur le fait que

« …des populations qui ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui entrent en confrontation avec les populations locales doivent être reconduites à la frontière… »

et d’entendre quelques temps plus tard qu’il vaut mieux voter pour des vrais xénophobes que pour leur ersatz. C’est donc aussi une tradition, la gauche au pouvoir prend les postures de la droite extrême et se méfie de la moindre manifestation de rue persuadée qu’elle seule en détient ce monopole. Et dans la tradition républicaine, la droite s’exerce à la révolte populaire et réclame des avancées sociales. Enfin, sur ce dernier point, précisons tout de même qu’il s’agit d’une conception du progrès social qui n’est pas unanimement partagée.

Tombés successivement en disgrâce, pour des faits relevant de la délinquance aggravée, les uns et les autres tuent le temps dans des procès interminables et ruineux. Leurs affaires de rivalités de pouvoir, de sexe et d’argent, qui vont de la réflexologie des pieds, aux scandales de la Mamounia ou du Carlton, en passant par les affaires Clearstream, Bettencourt, Karachi, Balkany, Bygmalion et autre Cahuzac, mobilisent des dizaines de juges, fonctionnaires de justice ou de police pendant que d’autres bougres attendent désespérément d’être jugés et croupissent en préventive. Et les draps sont régulièrement changés dans le lit des fascistes qui frappent à la porte de l’auberge espagnole.



Vous le constatez, les traditions restent très présentes dans le paysage culturel français, si tant est que cela puisse être assimilé à de la culture ?


Ceci étant, s’il est communément admis que la tradition se distingue de la coutume par son invariabilité, le bilan humain du XXème siècle en matière de barbaries et d’exterminations montre que cette loi en l’occurrence n’est pas invariable. En guise de mise en bouche pour les siècles à venir, mais cependant en moins de 100 ans et avec une fureur barbare défiant toute humanité, quelques dizaines de détraqués mentaux, invoquant des traditions inventées, des coutumes, des croyances ou des idéologies se référant à un passé adapté pour l’occasion et à des nationalismes ou des communautarismes de pure illusion, ont réussi à perpétrer plusieurs génocides et autres exterminations dont le dernier bilan officiel fait état de 231 millions de morts. Depuis cet épisode, au regard de l’hécatombe, il eût été logique d’admettre de manière rigoureuse que s’il devait exister un dieu quelconque, ni les religieux, ni les croyants n’oseraient aujourd’hui parler ou agir en son nom. A contrario et toute honte bue, ils prétendent toujours qu’on ne peut leur contester cette faveur. Voilà donc bien la preuve faite par eux-mêmes que le dieu dont ils se revendiquent n’existe pas. La mythologie gréco-romaine avait en son temps su résoudre cette antinomie en égratignant de manière corrosive la supposée vertu des dieux, quitte à les rendre mortels et avec son imagination beaucoup plus fertile que celle des religions monothéistes inventé le concept de demi-dieu.

Enfin dieu ou pas dieu, de cette expérience désastreuse naquit le temps des grandes résolutions dont on constate aujourd’hui l’extrême efficacité. Je les entends encore les uns agenouillés sur leur mausolée, marmonnant des « plus jamais ça », et nous nous sentions rassurés dans une Europe des peuples qui ne devaient plus jamais s’entredéchirer. Les autres, en extase devant leur leader, péroraient sur les avancées sociales qu’étaient les 35 heures, la retraite à 60 ans. Ah, les beaux jours ! D’aucuns regardaient les yeux écarquillés les progrès de l’humanité, l’allongement de l’espérance de vie, l’abandon de la peine de mort, l’émancipation des femmes, les voyages dans l’espace et la bombe atomique. Comme tout semblait désormais à l’abri de tout sous la voûte protectrice de la démocratie galopante et de sa dissuasion nucléaire, nous avons même adulé les bienfaits de la libération des marchés et de la libre concurrence. Et puis voilà, un jour c’est arrivé, tout s’est effondré sans résistance. Sans parler de leurs prédécesseurs qui ont fertilisé le socle, des marionnettes s’installaient aux commandes des démocraties, Berlusconi, Bush, Sarkozy et bien d’autres qui se disputaient l’apologie des particularismes et des stigmatisations. On se mit à ne parler que d’identité nationale, de civilisations et de races avec en corollaire leurs cortèges annoncés de souffrances et de haines. Les chefs de guerre remplaçaient les utopistes, les populismes détrônaient le populaire et la démagogie jetait son voile sur les Lumières. Les relents d’aversion ethnique de ces dernières décennies auraient dû nous alerter comme les signes avant coureurs de l’inversion de la tendance au profit d’un ethnocentrisme, mais nous avons préféré laisser la diplomatie et le commerce gérer ce qui ne l’était plus. De l’Italie aux pays scandinaves en passant par les fascistes des partis FPÖ et BZÖ autrichiens ou le désastre de la nouvelle constitution hongroise qui supprime carrément la référence à la république, la couleur des chemises de la peste brune a bien changé et personne ne s’en est méfié. Le bleu marine a certes détrôné le kaki, le verbe s’est fait plus gracieux mais l’uniforme et la tradition restent invariables. En ces temps où la litote remplace en substance les mots qui font fuir, la dédiabolisation des partis populistes s’est infiltrée dans nos vies à l’instar d’un édulcorant et nous a fait perdre le goût de la résistance et le sens des réalités. Pendant que la race, l’ethnie, le peuple, la religion, la communauté, la coutume ou la tradition occultent les vrais problèmes de société, chaque fascisme offre une allure didactique à sa conception totalitaire du monde. Qui plus est, le discrédit jeté sur les hommes politiques, offerts en pâture aux appétits tentaculaires des humoristes assermentés, libère sans coup férir le champ à des contrepouvoirs dont la puissance financière ne craint, ni la disgrâce, ni l’opprobre, voire la collaboration. Au final, lorsque la démocratie laïque sera bien consumée, les romantiques iront se recueillir sur le cénotaphe qui lui fera office de mausolée.

Et quand bien même ce scénario vous paraîtrait par trop apocalyptique, il subsistera toujours quelques raisons de garder le moral notamment en se disant que la plupart des idéologies, religions et autres sectes monolithiques recrutent essentiellement leurs adeptes parmi les souffreteux du bulbe. Il vous suffira alors d’apprendre à les reconnaître en engageant la conversation, vous verrez c’est facile, ils ne parlent pas, ils récitent… Enfin, si vous ne trouvez pas l’apaisement adonnez-vous à la méditation et au risque de paraphraser Montaigne prenez le temps de chier, car nous dépensons tellement d’énergie à fabriquer des choses inutiles et à nous commettre dans l’oisiveté ou la futilité, que nous pouvons bien en perdre un peu dans le cabinet d’aisances.

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"Heureux sont les simples d’esprit car le royaume des cieux leur appartient !"

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