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LES VALEURS DEBRÉ SONT-ELLES COTÉES EN BOURSE ?

Octobre 1995 (actualisation janvier 2010)

, par l’incongru


La question méritait d’être posée, d’autant que la famille Debré a résisté pitoyablement à tous les soubresauts de l’histoire, et pour cause. L’entonnoir tout d’abord, pour remonter jusqu’à lui, fût, en tant que petit fils de rabbin, ministre pétainiste du gouvernement de Vichy, puis opportunément résistant gaulliste à partir de 1943 et enfin successivement partisan farouche de l’Algérie française et grand inspirateur de l’OAS avec en bouquet final la qualité d’ardent défenseur du joli temps des colonies. De sorte que, on peut aisément imaginer les marqueurs génétiques qui ont prédisposé le dénommé Jean-Louis à ces postures anachroniques.

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Ach ! La belle époque...

Par modestie et non par lâcheté, l’incongru ne court guère le risque habituellement de s’en prendre à des ministres d’état, fussent-ils les pires démagogues, quoique ! Enfin, l’article de Jean Louis Debré dans Le Monde du samedi 30 septembre 1995, vulgaire homélie verbeuse, assez affligeante par ailleurs, à la mémoire de la nation état français, mérite sa volée de bois vert.

Ce billet intitulé « Pédagogie républicaine » que vous pouvez vous procurer pour deux euros seulement, commençait ainsi :

Pédagogie républicaine LE MONDE | 30 septembre 1995 | PAR JEAN-LOUIS DEBRE | 1423 mots

"LA LOI ET L’ORDRE ne sont pas idées de droite, mais tout simplement revendications légitimes des citoyens », proclame Jean-Louis Debré. Le ministre de l’intérieur défend dans ce texte la cohérence de sa politique, à laquelle il assigne pour but de « redonner son sens au pacte républicain ». M. Debré s’en prend aux « belles âmes » qui « font la fine bouche devant ce qu’elles nomment une politique ``sécuritaire``. Après la publication par Le Monde, le 23 septembre, d’un point de vue signé Cicéron, émanant de hauts responsables de la police, de la justice et de l’administration, consacré à la lutte antiterroriste, le ministre de l’intérieur se déclare « insensible aux polémiques ».« Les « belles âmes » qui font la fine bouche devant ce qu’elles nomment une politique « sécuritaire » feraient bien de se rappeler que la « sûreté » du citoyen est au nombre des principes énoncés par la Déclaration des droits de l’homme de 1789 « On ne lutte pas contre les démagogues en les maudissant, on lutte contre les démagogues en leur enlevant la part de vérité qui les fait vivre. » Je pense souvent à cette phrase d’Emmanuel Mounier, philosophe épris de justice… »

Lui comme Juppé à l’époque qui déclarait : « Il faut traquer tous les tricheurs » ne se doutaient pas qu’un bon mois plus tard, leur conception de la France allait être à l’origine d’un des plus grands et des plus populaires mouvements sociaux de protestation qui durera trois semaines. Le visionnaire Debré ne savait pas encore non plus que l’agité de Matignon «  droit dans ses bottes » allait devenir inéligible pendant 10 ans pour fraude crapuleuse aux emplois fictifs. C’est certainement pour cela qu’il était encore animé par la vertu républicaine.

Car avec une bonne dizaine de références à l’ordre et aux valeurs, les unes patriotiques ou les autres républicaines, cet article affiche sans pudeur le désir de résurgence d’un pouvoir fort et musclé, fruit d’une nostalgie de l’époque coloniale à peine dissimulée. La description ou la définition de ces valeurs restent très nébuleuses, mais paradoxalement le discours s’applique à amplifier la portée du moindre fait divers pour justifier la mise en place de mesures sécuritaires disproportionnées. A partir de quelques bilans sur l’insécurité savamment noircis, il décline des généralités toutes aussi sciemment obscures :

« … Nous assistons depuis une quinzaine d’années à une érosion des fondements de notre système républicain, érosion qui ne sape pas seulement le fonctionnement interne de l’état, mais s’attaque aux ressorts profonds de la société française au point de menacer sa cohésion… »

Notez l’allusion grossière à l’arrivée des socialo-communistes au pouvoir en 1981, qui sont venus déverrouiller le système républicain mis en place par l’entonnoir ! Non que les socialistes ou les communistes ne partagent pas les mêmes valeurs, là n’est pas le danger. Ce qui inquiète davantage les pilleurs de la république, c’est le manque à gagner engendré par l’appétit hippopotamesque de ces nouveaux occupants du siège. Notez bien que très vite, les liens se tissent et la grande famille des phagocytes se reconstitue autour du système en place. Il est vrai qu’au bon vieux temps des colonies, le pouvoir obtenu par la force n’était pas discutable. C’est peut-être de cela dont veut parler bwana Debré lorsqu’il évoque la cohésion.

Alors, qu’est ce qui peut bien menacer si dangereusement le fonctionnement interne de l’état et la cohésion sociale ? Les affaires, les hommes du pouvoir salis publiquement, le fait de savoir que l’homme qui trône au sommet de la république est tout aussi corrompu et condamnable que le quidam contre lequel il s’insurge et entend faire rentrer dans l’Ordre établi. De fait, depuis 1981, et sa Suffisance Debré a raison de le souligner, l’alternance du pouvoir a eu raison de l’omertà à la française. De même, lorsqu’il écrit que l’enjeu n’est plus l’alternance entre droite et gauche, l’incongru ne peut, à regret, que lui donner raison, puisque les uns comme les autres ont démontré depuis 15 ans leur étonnante capacité à reproduire les schémas de mépris et de renoncements qui caractérisent le mode de pensée des hommes du pouvoir.

Dans cet article toujours, on apprend quels sont les quatre éléments du pacte républicain rétabli à l’arrivée au pouvoir de l’inventeur des motocrottes parisiennes :

➢ Réaffirmation de l’autorité de l’état et là on voit disparaître les notions citées précédemment de communauté nationale unie et de citoyenneté pour faire place à un pouvoir autocratique faisant main basse sur la représentativité. En cela le Jean-Louis est bien le fils de l’entonnoir et de sa conception de la Vème république.

➢ Égalité des chances. La seule égalité des chances maintenue dans cette société étant celle acquise par les parieurs de la Française de jeux, car les illusions des citoyens dans des domaines tels que le logement, l’emploi, la santé, l’éducation ou la justice ne sont plus très grandes. La liste des injustices est tellement impressionnante que l’incongru hésite à se lancer dans une énumération.

➢ Récompense au mérite , qui porte bien le nom de tous les retraités ayant trimé parfois entre 40 et 45 ans dans l’industrie ou le bâtiment pour se voir attribuer de maigres rentes, voire des minimums vieillesse. Avec de tels discours, ils se sentiront encore plus coupables de n’être pas méritants.

➢ Réduction des inégalités sociales. Depuis la cohabitation Chirac de 1986, les amnisties fiscales sur les capitaux, la suppression de l’impôt sur les grandes fortunes, l’instauration de la flexibilité sur le marché du travail ou la libération des prix ont eu raison d’un bon siècle de progrès social et ont amorcé le renoncement au processus de protection sociale de haut niveau pour tous. L’objectif principal de ces politiques est de faire des économies sans redistribution des richesses, ce qui réduirait les inégalités sociales. La préférence marquée pour les retraites par capitalisation ou les assurances privées pour le chômage comme pour la santé en est une illustration. Le choix de la solidarité n’est plus à l’ordre du jour et l’on comprend mieux pourquoi il arrive en 4ème position, comme pour mettre une touche de bonne conscience sur l’échiquier du libéralisme sauvage.

NOUVEAU RECUL DE L'ÂGE DE LA RETRAITE

La retraite de plus en plus tard...

Le fils de l’entonnoir poursuit ses périphrases sur sa vision des intégrismes, de la délinquance des mineurs et des trafics de drogue. Et là, pas de quartier, comme pour la lutte contre les inégalités sociales, il faut de la fermeté. Son goût modéré pour la répression, comme il l’affirme, le pousse à proposer un alourdissement des peines de prison pour les mineurs délinquants qui bénéficient actuellement d’une impunité totale. Sa description apocalyptique des zones de non droit où sévissent trafiquants et bandes en tout genre lui fait écrire que le pouvoir incarnant les vraies valeurs républicaines, dont il ne dit mot, est en danger. Le loup ne serait-il pas dans la bergerie par hasard ? Car les seuls groupes armés et menaçants que l’on voit déambuler dans les rues, ne sont jusqu’à présent que des fonctionnaires de l’état.

Le charme de ces discours, comme bien d’autres, c’est qu’au moment où il écrit ces mots, l’Homo-Politicus pense profondément qu’il a raison, en résumé il est sincère et c’est la seule chose positive chez lui. Quant au reste de l’article, l’incongru donnera un seul conseil au fils du bûcheron en fer blanc : qu’il choisisse ses citations après avoir écrit son texte et celles qui suivent conviendraient davantage au personnage et à son discours.

« … Nous nous pardonnons tout et rien aux autres hommes. On se voit d’un autre œil qu’on ne voit son prochain… » Jean de La Fontaine.

Et maintenant que Debré ne tient plus le haut du pavé, c’est le gros RAOULT qu’on agite. Il faut toujours qu’il y ait un gros moche, adipeux et rempli de haine pour faire le sale boulot.

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APRÈS LES LOIS DEBRÉ, LA LOI RAOULT... Cliquer sur l’image pour tout savoir.

« L’histoire est un perpétuel recommencement. »

Thucydide Historien grec Né à Athènes en -460 Décédé en -395


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